Je ne suis pas, par nature, contre les films coréens. Old Boy a été une claque pour moi (gentille, hein, mais quand même) et depuis je ne renâcle pas à l’idée de découvrir un peu plus cette réalisation si particulière et ces ambiances originales que nous offrent les bons films sud-coréens.

Le bon, la brute et le cinglé (dont le titre anglophone est « The Good, The Bad and The Weird ») est je crois un excellent moyen de diversifier ses vues sur le cinéma, quoique le dernier qualificatif est celui qui s’appliquerait le mieux à ce film. Cinglé et jouissif. Pour moi, c’est un Tarantino coréen, et d’ailleurs, oserais-je le dire, « Don’t Let Me Be Misunderstood » remplit son rôle à merveille dans la bande son, à l’exact moment où l’on se demande devant quel délire on se trouve, à l’intersection entre l’original de Sergio Leone, les Blues Brothers, un Tarantino type Pulp Fiction, et une BD de Lucky Luke.

Vous l’aurez compris : il s’agit d’un Western, clin d’oeil évident à son quasi-homonyme (que je n’ai pas vu mais merci Micky quand même), mais se déroulant dans un grand désert de Mandchourie dans les années 30. Ne nous y trompons pas : les personnages sont coréens, l’intrigue coréenne, et c’est à se demander pendant la première heure si la manchourie n’était pas là que pour le décor. Que nenni, nous répond le scénar après un passage jouissif de tir à la carabine dans les villages chinois plutôt que dans les saloons américains, à base de sang sur la caméra, de cordes et poulies, de travellings géants, et de close-ups sur la tête de la brute, mèche de beau gosse limite Emo sur un oeil, et sourire Freedent parfait et inquiétant à souhait (bref, on s’y croirait !). Que nenni car quiconque connait un minimum l’histoire asiatique pré-WWII (ou Zipang, merci Foulk !) sait que la Mandchourie est en passe de devenir Mandchoukouo sous colonisation japonaise et que le japon a déjà colonisé la Corée depuis 20 ans (Corée qui sera libérée par les 2 blocs et je vous refais pas le topo à propos du 38e parallèle). Je ne vous raconte pas le bordel qui suit, ça gâcherait tout.

Et en plus, c’est drôle !

Même en passant outre l’époque Tintin des jeeps à la Dupond/t et pyjamas bleus du Lotus de la même couleur pour les chinois, le cinglé nous offre un personnage quasi Frères-Coen-esque, avec une voix française touchant limite au Jamel Debbouze dans des passages qu’on croirait tirés d’un film de Pixar. Et ça a l’air bizarre dit comme ça, mais moi ça m’a plu ! Et vous ne couperez pas aux mutilations des films asiatiques, tranchantes, percutantes, transperçantes, et explosives, humoristiques, omniprésentes (mais supportables, comparées à d’autres), probablement bourrées de références qui m’échappent, mais la culture cinéma c’est pas mon fort. Et en plus, il y a Mamie dans un placard.

Ah et j’oubliais : c’est le film le plus cher de l’histoire du cinéma sud-coréen.